Le mobilier

Dans le mobilier de l’église, cinq pièces exceptionnelles sont classées “monuments historiques”. Elles ont été récemment restaurées et étudiées :

  • Le Banc d’Oeuvre en chêne, de la première moitié du 15ème siècle, en style gothique flamboyant,
  • Une statue en pierre polychrome de la Vierge à l’Enfant dans la Chapelle de nord, du début du 15ème siècle,
  • Deux statues en pierre polychrome de Saint Jean-Baptiste et d’un homme de cour en costume (parfois appelé à tort Saint-Symphorien du fait de la plaque votive qui le surplombe) de la première moitié du 15ème siècle
  • Une statue en bois polychrome de Christ en croix grandeur nature au niveau du clocher (16ème siècle).

Ces cinq objets proviendraient de la Sainte Chapelle de Bourges, construite entre 1392 et 1397 par le duc Jean de Berry, frère du roi Charles V, et détruite en 1757. Leur exceptionnelle qualité s’expliquerait donc par leur origine et par le fait qu’il s’agit de commandes princières auprès d’ateliers de sculpteurs réputés. Cette hypothèse a pu être vérifiée pour le banc d’œuvre lors de sa récente restauration (inscription, monogramme du duc et datation dendrochronologique de la première moitié du 15e s.). Les raisons de l’arrivée à Morogues de ces pièces d’exception ne sont pas clairement établies.

L’intérieur

Si la nef est l’élément le plus ancien de l’église, sa voûte lambrissée est récente comme l’indique une inscription datée de 1716.

    Trois des baies en grès sont d’origine, la dernière ayant dû subir une reprise plus récente. Au plus près du chœur, deux grandes baies sont bouchées et correspondent au premier état de l’édifice, avant la construction des chapelles qui les condamnent. Seules deux portes ont été maintenues pour accéder aux combles des chapelles. Les entraits visibles de la charpente sont d’origine (seconde moitié 13ème siècle). En avant du chœur, deux poutres massives viennent doubler ces entraits et correspondent à la base du beffroi originelle. Deux clefs pendantes sculptées (dont une chimère) décorent cette structure. Enfin, comme dans le chœur où elles étaient déjà connues, des peintures murales ont été révélées dans la nef lors de la récente restauration (croix de consécration, litre funéraire) : elles doivent dater des 16-17ème siècles.

    Ces deux chapelles sont dédiées à la Vierge au nord, et à Saint-Cloud (second patron de la paroisse) au sud. Les deux autels sont du 19ème siècle.

    La forme initiale du chœur n’est pas connue mais on peut voir que la partie haute des murs ainsi que les baies ont été reprises. Les boiseries qui en habillent les murs sont du 18ème siècle. Le maître-autel est du 19ème siècle.

    Le dallage de la nef est également une réfection récente du 19ème siècle.

    Deux inscriptions attestent l’existence de sépultures anciennes : l’une (sur une dalle du chœur) n’est plus visible, mais aurait été ait lu par A. Buhot de Kersers au 19ème siècle : “Ci gist noble demoiselle Philippe de Rochechouart, veuve de noble seigneur Jean Dumesnil Simon, en son vivant Seigneur de Maupas et de Morogues” (par son mariage en 1440, Philippe de Rochechouart avait apporté Maupas aux Dumesnil Simon qui le conservèrent jusqu’en 1682, date d’acquisition par la famille Agard). L’autre, mieux conservée sur le mur sud de la nef, fait état du décès de Pierre Thépin curé, en 1504.

    Enfin dans la tour-clocher, des peintures murales sont désormais visibles (litre funéraire, inscription, Saint-Christophe).

    Beaucoup d’éléments mobiliers sont donc datables de la seconde moitié du 19ème siècle. Outre les éléments déjà cités, mentionnons :

    • Vitraux du chœur  (1861 Maison Lobin à Tours ; 1870 Maison Gerta à Toulouse),
    • Les grisailles des verrières des fenêtres de la nef (1862 et 1882 Maison Lobin de Tours) et vitraux des deux chapelles,
    • La chaire à prêcher (1876, Ets Chauvet à Paris),
    • Les statues en plâtre, certaines achetées par la paroisse, d’autres offertes (par la famille Maupas et Ayet de Chabannes),
    • Les toiles peintes du chemin de croix, offert par la famille Maupas,
    • Les quatre grandes toiles du martyre de saint Symphorien (désormais inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques),
    • Les lustres.

    Construction et évolutions

    L’étude récente de la charpente et sa datation dendrochronologique par des spécialistes ont permis de situer la construction de l’église durant le dernier tiers du 13e s. (1266-1267, date d’abattage des bois de la charpente). La forme de l’édifice se limite alors à une seule nef, sans la tour-clocher actuelle et sans les chapelles du transept ; un beffroi devait se situer à la jonction de la nef et du chœur et constituer le clocher de ce premier état.

    Dans cet état initial, la pierre principalement mise en œuvre est le grès ferrugineux, dite « pierre de bure » ou « pierre de Vailly » que l’on utilise pour les chaînages des maçonneries, les jambages des baies, la corniche. Cette pierre, extraite localement, se retrouve sur de nombreuses maisons anciennes encore visibles à Morogues (entre autres sur la maison Paulin dans la petite rue).

    Durant les 15e-16e siècles, de nombreuses modifications sont opérées, peut-être à la suite de problème structurel au niveau du chœur et de l’ancien clocher. Les reconstructions des voûtes se font avec un recours quasi systématique aux pierres calcaires dont la sculpture est plus aisée : la voûte du chœur est refaite en dur (et la corniche extérieure est reprise en calcaire), les chapelles sont créées et forment ainsi un véritable transept. Le clocher est alors déplacé et reconstruit à l’ouest, au travers d’une imposante tour en grès.

    Jusqu’en 1863, cette tour est précédée d’un porche en bois. La grande porte actuelle est une création des mêmes années (1860/1870). De même, c’est à cette période que le cimetière qui entourait l’église est volontairement abandonné en 1870 et transporté au Passoir.

    La maison Paulin

    La maison « Paulin » de Morogues, a probablement été construite au 15e s. Elle fait partie d’un groupe de maisons anciennes exceptionnellement conservées, qui sont les derniers vestiges de l’âge d’or de notre village. Actuellement inoccupée, elle est malheureusement très délabrée.

    Pourtant, cet édifice est une richesse atypique pour notre petit village : bien que l’étage supérieur soit tronqué et que les volumes intérieurs aient été modifiés, on devine encore des fenêtres à meneau, une porte avec un linteau échancré, un escalier droit, une grande cheminée et un pan de mur décoré de peintures murales aux motifs géométriques. L’ensemble utilise le grès ferrugineux que l’on retrouve dans tous les édifices anciens du village. Ces éléments architecturaux témoignent donc d’une maison bourgeoise de la fin du Moyen Âge, comme il en reste peu dans les villages du Haut Berry.

     

    Grâce à l’aide de la Fondation du Patrimoine, de particuliers et d’associations (Morogues Village des Ouches, Comité des Fêtes, Chœur de Boisbelle, Groupe vocal Résonnances), un programme de rénovation de la toiture a été récemment effectué. Il s’est achevé en 2019 et la maison Paulin est désormais hors d’eau.